• Chronique de dérives en cascade — 9

    Comme toujours, l'histoire que vous allez lire est vraie, seuls les noms ont été changés pour préserver la réputation des innocents.

    Pour ne pas jeter le discrédit sur un ordre religieux qui a souffert et souffre toujours de la situation, nous l’appellerons ordre de St Ores, un saint qui n'existe pas.

    Sr Fausta, soeur orésienne depuis près de vingt ans, a semé le trouble dans plusieurs couvents de Flandres et s'est fait renvoyer d'un autre en Terre Sainte. Elle échoue dans une communauté près de sa fin, joue de son charme et en devient  la supérieure. Elle accueille ses premières novices et impose au couvent un mode de vie déséquilibré. Une relation trouble la lie à l'une d'elle , Alexandra, à qui elle confie prématurément, pas mal de responsabilités. Des novices et une soeur conventuelle préfèrent quitter le monastère et les premières plaintes parviennent aux oreilles des responsables ecclésiastiques.Pourtant deux jeunes filles , Marie-Noëlle et Martine entre dans ce couvent. Elles se trouvent confrontées au caractère manipulateur de leur supérieure et maîtresse des novices.

     

    Mère Fausta martèle à qui mieux mieux : nous sommes pauvres et les pauvres travaillent dur pour gagner leur vie. Ainsi justifie-t-elle le fait d'entreprendre  une à deux fois par an des travaux de réfection où elle fait travailler ses "jeunes" jusqu'à des petites heures, au détriment de leur sommeil et de leur temps de prière. Car ces travaux s'ajoutent au travail ordinaire, rémunérateur ou d'entretien (nettoyage, jardinage, ...)

     

    Certes, le bâtiment est vétuste et mal entretenu, mais tous les travaux entrepris ne se justifient pas. La chapelle est repeinte ou même modifiée tous les deux ou trois ans. On un change un tabernacle de place, on agrandit une porte,... Mère Fausta a un goût prononcé pour le neuf, le clinquant, la surabondance. Il faut une nouvelle machine à coudre pour la roberie ? (l'atelier où l'on coud les vêtements monastiques). Elle en achète six, d'un modèle industriel, trois piqueuses et trois surfileuses. Deux de ces machines vont à l'atelier de vêtements liturgiques. Deux vont à la roberie, deux autres sont en réserve. Or la sœur qui s'occupe de la roberie doit aussi travailler à deux autres ateliers et assumer sa part de travaux d'entretien, elle n'y travaille pas à plein temps. Quant à celle qui l'assiste, elle ne peut pas s'initier, à plus de quatre-vingts ans à la manipulation d'une machine de pointe, assez nerveuse. Le matériel est sous-employé.

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    Soeur Alexandra s'est-elle plainte de mal de dos ? Elle achète un lit médical sur roulette pour Sœur Jacinthe, une nonne âgée que son alter ego aide à se mettre au lit, tous les soirs. Sœur Jacinthe n'est pas heureuse du changement. Le lit est trop haut pour elle. Peu importe.  Mais quand, trois mois plus tard, quand Alexandra a laissé cette tâche à l'une des novices, Mère Fausta fait scier les pieds du lit pour l'abaisser. C'est également sous le même prétexte qu'elle achète un nouveau tracteur-tondeuse alors que l’ancien fonctionne toujours. Sœur Alexandra lui fera remarquer qu'elle ne lui avait rien demandé.


    Les réunions communautaires se résument à une "conférence" spirituelle de Mère Fausta.  Un jour, elle en donne une sur la confession en insistant sur la nécessité d'une bonne préparation. Ce qui ne l'empêche pas de rejoindre une de ses sœurs en train d'attendre son tour devant le confessionnal pour lui faire une scène au sujet ... de la note du dentiste, comme si la nonne était responsable du prix des prestations, surtout que le choix du praticien lui est imposé.

     

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    Souvenez-vous de Sœur Agnès, une religieuse âgée, fille unique qui avait bénéficié d'un congé hors monastère, le temps de prendre soin de ses vieux parents. Lorsque sa mère a rendu son dernier soupir, Mère Fausta l'a contactée pour lui parler ... de l'héritage. Cet argent passera dans la réfection des bâtiments, des embellissements, ... Mais quand la vieille nonne aura besoin d'un appareil auditif, Mère Fausta fera en sorte qu'elle ait le meilleur marché et le moins performant.

     

    Mère Fausta sait comment manipuler son entourage pour remplir ses caisses. Elle envisage l'achat d'un four électrique pour la boulangerie ? Elle demande "conseil" au père abbé d'un monastère avec laquelle elle est parfois en contact. Elle sait si bien exposer son cas, que le vieil abbé veut faire un geste envers ce monastère, qui d'ailleurs n'est pas de son ordre. Un autre supérieur d'un autre ordre a vu l'état de délabrement des bâtiments, il ne se contente pas de lui passer commande hebdomadaire de pains pour son monastère ou de lui confier la reliure de toutes les revues de sa communauté, il lui envoie son propre comptable et lui fait un don mensuel très conséquent, équivalent à deux fois et demi le salaire d'un infirmier ou d'un instituteur débutant.

     

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    Mais cela ne se limite pas là. Il y aura aussi des dons ponctuels, des prêts sans intérêts, etc. pour financer les travaux incessants du couvent. Le vieil abbé finit par être remplacé et son successeur est moins enclin à lune telle générosité.  C'est que son monastère a avancé les fonds pour la reconstruction d'un nouveau cloître. Mère Fausta en a profité pour faire refaire la bibliothèque et une bonne partie de la toiture. Le montant des travaux avoisine à trois fois le prix d'une grande maison. Et comme cela ne peut éteindre la soif d'agrandissement de la religieuse fantasque, elle a également fait construire de nouveaux ateliers.

     

    Lorsque Sœur Valérie est près de faire ses vœux temporaires, elle lui fait signer un document qui transfère les biens de la jeune femme au monastère, condition sine qua non, selon elle, pour que la novice puisse faire sa profession. Et pourtant, canoniquement, il n'en est rien. La profession temporaire implique des vœux simples durant lesquels le religieux garde la propriété de ses biens mais en confie la gérance à qui il veut. Quand sœur Valérie, bien plus tard quittera les ordres, sans avoir prononcé de vœux perpétuels, il lui faudra faire des pieds et des mains pour récupérer cette somme, par petites mensualités, sans les intérêts et ... frais dentaires et prix de lunettes déduits, une autre infraction aux lois monacales.

     

    Mère Fausta prend prétexte d'une parole du nouveau père abbé pour rénover entièrement l'atelier de reliure, l'équiper de nouvelles machines, sans trop tenir compte des premières intéressées celles qui y travaillent, ni des élections qui se préparent et qui vont apporter un grand bouleversement dans la vie de la communauté, comme si elle se trouvait dans une position indéboulonnable. 

     

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    Les responsables des finances de l'abbaye créditrice rendent visite à la supérieure et lui font une proposition pour recouvrir l'argent prêté : qu'elle leur cède des titres placés en bourse par les bons soins de l'abbaye. Sans même consulter les conseillères ou le chapitre, elle accepte. Elle se contente d'annoncer la chose avec un sourire béat à la communauté. Hormis le fait que les constitutions de son ordre ne lui permettent pas de disposer à son gré de la somme ainsi cédée, les titres en question sont constitués des dots des sœurs. Mère Fausta prend tout simplement prétexte que le nouveau code de droit canonique n'en demande plus pour disposer de cet argent à sa guise, contrairement aux usages religieux. Ceux-ci veulent que la somme de la dot soit entièrement remise à la sœur qui quitte les ordres, mais sans les intérêts.

     

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