• Thérèse de Cavalier

    Pour illustrer ce blog, je vais de temps en temps faire des captures d'écran de films anciens. C'est ainsi que j'ai retrouvé un film vieux de près de trente ans : Thérèse, par Alain Cavalier.

     

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    Le film a de grandes qualités cinématographiques et j'apprécie toujours de pouvoir le revoir. Mais une chose doit être claire dans la tête du spectateur. Le film s'inspire de la vie de Thérèse de Lisieux, il ne la retrace pas avec exactitude. Les scènes traduisent, rendent des réalités vécues par la carmélite lexovienne mais d'une manière évocatrice, imagée. Ce serait un erreur de vouloir reconstituer le quotidien de la jeune religieuse par le biais de ce film.

     

    Par exemple, le réalisateur fond en un seul personnage, deux religieuses différentes en romançant sur leur passé. Il y avait bel et bien une veuve au Carmel de Lisieux, mais elle a survécu à Thérèse. D'un autre côté, la jeune nonne a connu la fondatrice du couvent et a recueilli l'une de ses larmes quand elle est décédée.

     

    Pas de Sr Lucie dans la "vraie vie", mais l'une des sœurs que Thérèse s'était proposée d'aider et dont la compagnie était fuie par "les meilleures", qui considérait cela au-dessus leurs forces, a fini par quitter la vie religieuse à cause de sa neurasthénie. Ce n'est pas cette sœur qui fut écartée de Thérèse, une fois celle-ci malade, à cause de la contagion,  mais une jeune novice qu'elle avait formée et qui lui était très attachée.

    Des paroles prononcées par des personnes différentes se retrouvent dans la bouche de la supérieure, des états d'esprit sont verbalisés dans des dialogues qui résument bien ce qu'il en était mais qui n'ont jamais eu lieu, etc. Le langage est résolument moderne, mais totalement déphasé avec les paroles, et surtout les non-dits, d'usage à l'époque. Le chapelain n'était pas le supérieur hiérarchique des carmélites, et celui-ci n'a jamais dit au père de Thérèse qu'il voulait caser ses filles parce qu'il avait la bougeotte. Mais il est vrai aimait beaucoup voyager. Céline n'a pas fait reproche à ses sœurs d'avoir provoquer la maladie de son père. Mais dans le film, elle exprime les rumeurs qui couraient à Lisieux, à cette époque. En fait, Louis Martin souffrait d'artériosclérose.

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    Le film ne rend pas la durée de la vie de Thérèse au Carmel, neuf ans, avec ses longueurs, l'exercice de la patience, l'alternance des supérieures, le passage de l'adolescence à l'âge adulte ; Thérèse entre à quinze ans et meurt à vingt-quatre ans. Il prend de grandes libertés avec la chronologie (on ne voit pas de postulat, par exemple).

    Quelques détails anecdotiques. Il était impossible, à l'époque, de s'embrasser à travers la grille d'un parloir. La grille était double avec de petits croisillons et, de plus, elle était hérissée de picots. Les habits des carmélites sont plus ou moins respectés, mais ils sont simplifiés pour les rendre, sans doute, plus esthétiques. Se faire flageller par une autre soeur n'était pas une mortification pratiquée à Lisieux. Par contre, on la retrouve dans la biographie d'une prieure très encline à ce genre de macérations.  Céline n'a jamais eu de fiancé nommé Sébastien et la maladie de Louis Martin est survenue après qu'elle lui ait annoncé d'entrer, à son tour, au couvent. Le cinéaste passe sous silence le "vilain petit canard" de la famille, Léonie, qui a fini par rentrer à la Visitation, après deux tentatives avortées.

    Bref, pour démêler le rendu évocateur et symbolique des faits réels, mieux avoir lu les œuvres complètes de Thérèse, avec toutes ses annotations.

     

    Crédits Photos : Thérèse, Alain Cavalier.


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