Je n'ai pas été voir ce film quand il est passé dans les salles. Par contre, je ne pouvais pas le manquer quand une chaîne de télévision l'a diffusé. Des hommes et des dieux retrace l'itinéraire intérieur d'une communauté de cisterciens, en Algérie dans les années 90, les moines de Tibhirine. Alors que les meurtres de religieux et d'étrangers ainsi que les attentats se multiplient, la question de la sécurité de ces moines se pose de façon accrue: faut-il partir ou rester ?
L'histoire se base sur des faits réels et le réalisateur a voulu tourner ce film à la manière d'un documentaire. Le défi a été relevé et avec brio. Le long métrage a d'ailleurs été gratifié de plusieurs récompenses : Grand prix du festival de Cannes, César du meilleur film, etc.
Ce qui m'a scotché, d'emblée, en voyant les bandes annonces, c'est la justesse de l'interprétation. Nous n'avons pas à faire à des personnages surfaits, dignes de publicité de fromage, ou compassés comme des momies. Xavier Beauvois a voulu nous montrer des moines, des vrais et il a pris les moyens de le faire. Ecoutons Lambert Wilson (Christian de Chergé) et Loïc Pichon (Jean-Pierre) expliquer comment les acteurs ont été formés :
La bande son n'est pas fameuse, alors je vais résumer. Le réalisateur, après avoir fait lire le scénario, a demandé aux acteurs de se former au chant choral. Après ce stage, il les a envoyé faire une retraite dans un vrai monastère cistercien : Tamié, en haute Savoie. "On a vu des gens, des moines, des hommes, qui ont une façon de manger, de se taire, de regarder, d'être dans le silence. Et là, on s'est dit : on ne saura jamais faire ça. En tant que comédien, on ne nous demandait pas de travailler sur des dialogues, sur des scènes compliquées, difficiles, on nous demandait simplement d'être. D'être comme des moines, avec les mêmes façons de parler, les mêmes façons de se taire, de marcher, de s'agenouiller et d'être crédibles dans les moindres gestes." Chapeau bas, messieurs, vous y êtes arrivés. Pour en avoir côtoyé dans ma vie, je peux vous dire que vous faisiez des moines tout à fait vrais, justes.
Je voudrais attirer votre attention, dans cet extrait, sur la gestuelle. Regardez les mains des acteurs. Ce sont des gestes, des attitudes de vrais moines.
Certains esprits chagrins ont trouvé ce film long et ennuyeux. A ces personnes, je voudrais dire qu'elles sont passées à côté de l'essentiel et qui leur manque une dimension dans leur vie: l'intériorité. Je ne parle même pas de spiritualité — à chacun de suivre sa conscience — mais d'intériorité. Quittez votre vie trépidante et vos loisirs agités pour une balade en forêt, ou le long d'une plage, sans vous presser. Astreignez-vous à regarder un long moment un coucher ou un lever de soleil. Prenez chaque jour quelques minutes pour méditer sur le sens de l'existence, cela vous aidera peut-être à comprendre que, dans la vie, il y a autre chose que le cellulaire, les réseaux sociaux, les films catastrophes et les décibels qui trouent les tympans.