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Les soeurs de charité dominicaines de la présentation
Dans un livre paru il y a une dizaine d'années, "'t Zijn al geen heiligen die grote paternosters dragen" on trouvait une photo d'une sœur dominicaine portant une cornette. Ce livre recense les anciens costumes des congrégations autrefois présentes en Belgique. Certains sont haut en couleur. Mais revenons-en à notre dominicaine. Le nom exact de sa congrégation est "Sœurs de charité dominicaines de la présentation de la sainte vierge". Là aussi, au point de départ, il ne s'agissait pas de religieuses à stricto sensu, mais au fil du temps, l'évolution du code de droit canonique leur a permis de s'ériger en institut de vie consacrée.
La fondatrice, Marie Poussepin, à présent béatifiée, naquit au XVIe siècle dans une famille de notable. Elle est à la tête d'une entreprise et c'est une vraie femme d'affaires. Elle introduit l'usage du métier à tisser dans le tissage de la laine, avec succès. Elle en profite pour former des apprentis qu'elle prend sous sa tutelle et veille à leur sauvegarde morale. Également membre du tiers-ordre dominicain, elle s'adonne aux œuvres de charité.
Qu'est-ce qu'un tiers-ordre ? C'est l'ancien nom qu'on donnait à ordre séculier. Tiers est à prendre au sens de "troisième", à côté du premier, l'ordre des religieux, le second, l'ordre des religieuses, il y a la laïcs qui restent dans le "siècle", le monde ordinaire, mais s'associent pour profiter de la spiritualité d'un ordre. Ces membres s'appelaient "tertiaires". Plusieurs ordres religieux ont un tiers-ordre, un ordre séculier.
Marie Poussepin ne s'en tient pas là. Elle fonde une communauté de tertiaires « pour instruire les filles et servir les malades pauvres » à laquelle elle lègue ses biens. Cette communauté vit selon les coutumes dominicaines mais sans vœux ni clôture. Les sœurs doivent vivre du travail de leur main et s'adonnent, elles aussi, au tissage. Un évêque imposera à la communauté de cesser tout rapport avec l'ordre dominicain, cela n'empêchera pas ces sœurs de garder vivant cet esprit. La fondation survit à sa fondatrice et essaime en France, jusqu'à ce que la révolution française en ferme les établissements et en disperse les membres.
L'ère napoléonienne permet à l'institut de se relever de ses cendres. Au cours du dix-neuvième siècle, la congrégation se rapproche de l'ordre dominicain et les sœurs se voient offrir la possibilité de prononcer des vœux, elles deviennent des religieuses à part entière. Parallèlement, les fondations se succèdent les unes aux autres, de nouvelles maisons s'ouvrent et plus seulement en France. La congrégation s'étend à d'autres pays et traverse les océans. Elle s'implante durablement en Amérique latine où elle est bien représentée au point d'y compter aujourd'hui la plupart de ses membres.
Autrefois, les sœurs portaient une robe de teinte écrue, un mouchoir de cou blanc, un tablier noir et une cornette d'abord fort modeste mais qui prit son envol au cours du XIXe siècle. Aujourd'hui, la congrégation semble avoir réussi son aggiornamento. Le costume varie selon les provinces : robe blanche et voile noir ; tenue civile modeste avec croix en sautoir ; ou encore inculturée à l'endroit de l'implantation géographique.
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