• Signes de déclin. Espoir dément 1

    21. Les instituts et monastères en décadence

    Aux instituts et monastères qui, de l’avis des Ordinaires des lieux et au jugement du Saint-Siège, ne donnent pas l’espoir fondé d’une nouvelle prospérité, il sera défendu de recevoir à l’avenir des novices et, si c’est possible, on les unira à un autre institut ou monastère plus florissant dont le but et l’esprit se rapprochent des leurs.

    Perfectae Caritatis

     

    485px-Paolovi.jpg

    Ce petit texte est extrait d'un décret catholique romain, publié en 1965, lors du Concile Vatican II . Force m'est de constater que certains ont bien du mal à l'appliquer.

     

    Années 2000, à Sieurbourg, une petite ville de province. Sur la place du Marché, se dresse un vieux bâtiment. Autrefois, il abritait une communauté prospère de soeurs orésiennes. Mais au fil du temps, les vocations se sont raréfiées, les soeurs ont pris de l'âge et les aînées sont retournées vers leur Créateur. Une novice est pourtant entrée dans cette petite communauté, malgré le nombre réduit des religieuses et leur grand âge.  Soeur Quenburge est très fervente et, une fois son temps de probation terminé, elle prononce des voeux. Un hiver très rude, la malchance, s'acharnent sur le petit couvent. La communauté passe de huit à cinq soeurs. Deux ou trois ans plus tard, elles ne sont plus que trois.

     

    Nun+in+cloister+by+Doris+Ulmann-1930.jpg

    A titre indicatif, pour fonder un nouveau couvent de soeurs orésiennes, leurs constitutions leur impose d'être au moins huit. Trois nonnes, dans un bâtiment prévu pour une bonne vingtaine. La plus jeune a trente ans, les deux autres sont septuagénaires. Ce qui paraît une évidence pour les autres monastères de cet ordre, n'en est pas une pour les premières concernées. Pourquoi fermer ? se disent-elles, tant que nous pouvons vivre notre vie d'orésienne.

     

    Les soeurs orésiennes n'ont pas de mère générale, chaque monastère est indépendant, sous la juridiction du saint siège, confié à la surveillance de l'évêque du lieu.  Mais elles ont eu la bonne idée de se fédérer par région géographique. Elles forment ainsi une grande fraternité et la présidente de cette association a pour mission d'épauler les monastères en difficulté. La présidente se rend bien volontiers chez ses consoeurs de Sieurbourg, pour les écouter. Mais elles ne se plaignent pas de leur sort. Elles assurent qu'elles sont très bien comme elles sont. Elles n'ont besoin de rien, assurent-elles. La présidente n'essaie pas de les contredire ou de les convaincre que leur situation est une impasse. Et le Père Zénobe qui se rend une fois pas mois chez elle pour leur prêcher la récollection répète à qui veut l'entendre, que ces soeurs mènent une vie tout à fait normale, régulière et fervente, fidèle à leur charisme.

     

    sacredtrust10a.jpg

    Le bon sens dit pourtant le contraire, comment, par exemple, peut-on élire une supérieure et son conseil, quand on n'est que trois ? La situation est anormale, mais personne ne bouge. Ni l'évêque et ses vicaires, qui ont sans doute d'autres chats à fouetter, ni la présidente qui n'ose pas brusquer les choses, ni surtout les soeurs de Sieurbourg qui se refusent à voir l'évidence: leur communauté n'a plus d'avenir, elle se meurt petit feu. À quoi bon s'acharner ? Pourquoi ne pas vouloir revivre ailleurs ?

     

    Le temps qui passe n'arrange pas les choses. Soeur Symphorienne, la prieure septuagénaire, commence à avoir de sérieuses pertes de mémoire; elle devient sénile.  Soeur Quenburge passe désormais son temps à la surveiller, pour ne pas qui lui arrive des bricoles. Soeur Waltrude, l'autre septuagénaire a toujours toute sa tête mais sa santé décline; elle décède. Soeur Quenburge, se retrouve à la mi-trentaine avec une consoeur sénile. Il faut fermer et elle sait.

     

    800px-Couvent_des_Capucins.jpg

    Les deux soeurs restantes trouvent refuge dans un monastère du même ordre qui les accueille, généreusement, à bras ouverts. Vider un couvent n'est pas une mince affaire. Beaucoup de choses se sont entassées dans les greniers, les recoins, les pièces condamnées. Le mobilier et le matériel sera équitablement redistribué dans les différents monastères de l'ordre. Soeur Quenburge pourra enfin vivre dans une communauté normale, fonctionnant normalement. Mais quel effort d'adaptation cela ne va-t-il pas lui demander après avoir vécu dans une communauté qui s'est réduite comme une peau de chagrin en l'espace de moins de dix ans !

     

     

    Crédit photos: Paul VI, domaine public;  Nun in cloister ,by Doris Ulmann, 1930;  deux nonnes, midsomermurders.org ; couvent, wikimedia, Pelerin.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :