• Chronique de dérives en cascades — 1

    Comme toujours, l'histoire que vous allez lire est vraie, seuls les noms ont été changés pour préserver la réputation des innocents.

     

    Pour ne pas jeter le discrédit sur un ordre religieux qui a souffert et souffre toujours de la situation, nous l’appellerons ordre de St Ores, un saint qui n'existe pas. 

     

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    Cette chronique tourne autour d'un personnage qui a déja fait parler beaucoup de lui, dans certains cercles, sous son vrai nom. Jeanne De Dwaas est née un peu avant la seconde guerre mondiale dans une famille nombreuse de la petite bourgeoisie flamande. Comme c'est souvent le cas à cette époque, les parents sont bilingues, les enfants sont élevés dans la langue locale et la piété est de rigueur dans la famille. Puisque Jeanne n'est pas tentée d'apprendre le français, ses parents l'envoient poursuivre ses études en Wallonie. C'est ainsi qu'elle entame et achève une formation d'infirmière brevetée dans un institut attenant à un hôpital psychiatrique.

     

    En passant à l'âge adulte, Jeanne se sent attirée par la vie religieuse. Elle a l'habitude d'aller se confesser dans une église des pères orésiens en attendant le bus qui la ramènera chez elle. Son confesseur repère cette jeune fille pieuse et s'informe de ses intentions d'avenir. C'est lui qui la met en relation avec un couvent féminin de son ordre. Les moniales orésiennes sont des contemplatives réputées pour l'austérité de leur vie.

     

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    Après avoir décroché son diplôme et travaillé quelques temps, Jeanne entre au monastère de Vieuxchamp. L'apprentissage de la vie religieuse, au début de ces années soixante, ne va pas sans mal. Jeanne ne comprend pas pourquoi on lui confie des tâches insignifiantes ni pourquoi les nonnes lui expliquent comment poser des gestes aussi simples que tendre une corde à linge. Elle passe par des moments dépressifs au point que certaines soeurs se demandent si elle est pleinement heureuse. Pourtant Jeanne persévère. Elle prend l'habit et devient soeur Fausta.

     

    La novice dégage un charme certain qui ne manque pas d'agir sur sa maîtresse des novices, mère Anémone. Il faut dire que soeur Fausta a une sorte d'aura qui engendre rapidement la sympathie, elle possède une réelle faculté d'attraction. Et elle sait s'en servir pour arriver à ses fins. L'impression qu'elle donne est telle, qu'une fois ses voeux définitifs prononcés, elle devient rapidement maîtresse des novices. Entre temps, mère Anémone est devenue elle même supérieure.

     

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    Très rapidement, les nonnes de Vieuxchamp vont déchanter. Soeur Fausta montre un autre visage. Elle voudrait changer un tas de choses, elle devient très critique et même agressive. Soeur Merici vient de passer de la congrégation apostolique où elle est entrée à cette communauté contemplative. Elle ne débarque pas là sans expérience de la vie religieuse. Elle est choquée de voir sa maîtresse des novices déblatérer la supérieure au lieu de donner de vraies instructions aux novices. Lorsqu'elle passe dans le couloir où se trouve le bureau de mère Anémone, elle entend, à travers de la porte, les cris de colères que poussent soeur Fausta et surprend parfois la supérieure en pleurs au sortir de ces scènes.

     

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    Une occasion de se défaire de cette trouble-fête se présente. Dans un autre monastère de l'ordre, il y a une soeur atteinte d'une maladie incurable qui nécessite beaucoup de soins. Soeur Fausta est infirmière, on l'y envoie en renfort. Elle débarque donc à Clarmont et se dévoue au chevet de la malade. Très vite, son charme opère sur la communauté. Les soeurs ont bien entendu parler de ses démêlés dans son monastère d'origine, mais elles attribuent cela au conservatisme de Vieuxchamp. En effet, si le couvent de Clarmont est allée de l'avant en apportant les changements de modernisation sur la vague du concile Vatican II, les soeurs de Vieuxchamp ne sont pas pressées de sortir de leurs petites habitudes. Et c'est sans doute comme cela que le père provincial des orésiens, chargé de représenter l'évêché auprès des soeurs de leur ordre, a présenté les choses. Soeur Fausta ne tarde pas à être intégrée pour de bon à la communauté qu'elle est venue épauler.

     

    Cette-fois aussi, le charme finit par s'évaporer. Soeur Fausta est bientôt chargée des novices du couvent. N'a-t-elle pas déjà exercé cette charge ? Les novices quittent le monastère les unes après les autres. Soeur Fausta critique les décisions de sa supérieure, la manière dont le couvent est géré, les prises de décisions de la communauté. Elle finit par rendre la vie invivable. Et au bout de trois ans, les soeurs de Clarmont veulent la renvoyer à Vieuxchamp. Le hic, c'est que Vieuxchamp ne veut plus non plus de soeur Fausta. Elle est devenue conventuelle, membre définitif,  de Clarmont, que Clarmont se débrouille. Soeur Fausta séjourne quelques jours dans son monastère d'origine puis est envoyée à l'hôtellerie d'un institut séculier.

     

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    Soeur Fausta est orésienne depuis à peine quinze ans et elle s'est déjà fait une réputation qui n'est pas à son avantage auprès de tous les monastères de son ordre, en Flandre. Personne n'en veut plus nulle part. Un autre père orésien trouve une solution : l'envoyer en renfort dans un monastère en terre sainte. En effet, ces monastères ne recrutent pas sur place, il y a trop peu de catholiques dans le pays. Les vocations leur viennent d'un peu partout dans le monde, d'Italie, des Etats-Unis ou même d'Asie. Soeur Fausta trouvera peut-être sa place dans un monastère internationnal.

     

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