• Chronique de dérives en cascades — 4

    Comme toujours, l'histoire que vous allez lire est vraie, seuls les noms ont été changés pour préserver la réputation des innocents.

    Pour ne pas jeter le discrédit sur un ordre religieux qui a souffert et souffre toujours de la situation, nous l'appelerons ordre de St Ores, un saint qui n'existe pas.

    Épisodes précédents : Sr Fausta, soeur orésienne depuis quinze ans a semé le trouble dans plusieurs couvents de Flandres.Apmrès son renvoi d'un couvent en Terre Sainte, elle échoue dans une communauté en mauvaise posture , prête à  fermer et en devient la supérieure après un an. A la suite d'une parole malheureuse de l'évêque du lieu, elle se met en tête d'accueillir des novices.

     

    L'une ou l'autre candidate se présente mais ne reste pas : âge avancé, pas de santé. Mais un jour, une religieuse française s'annonce au parloir. Soeur Pauline est entrée à l'âge de dix-neuf ans dans la congrégation où elle a été pensionnaire durant sa scolarité. Elle enseigne dans un établissement des environs. Depuis quelques temps, elle ressent un manque dans sa vie spirituelle et aspire à une vie de prière plus profonde. Ses supérieures la découragent dans cette voie. Considèrent-elles celle-ci comme une fuite ? Pensent-elles que Sr Pauline pourrait trouver une réponse à ses aspirations en changeant simplement d'affectation au sein de leur institut ?

     

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     Sr Pauline trouve une oreille attentive auprès de Mère Fausta. Et malgré l'avis contraire des supérieures de la religieuse française, elle décide de l'admettre au noviciat du monastère. Bien que Sr Pauline aborde la quarantaine, elle ne se montre pas moins très souple et d'un caractère prompt à s'adapter. Elle déborde de qualités chrétiennes : douce, serviable, patiente, prompte à reconnaître ses erreurs. Peut-être un peu trop d'ailleurs, car son esprit critique tend à fondre comme neige au soleil devant la forte personnalité de Mère Fausta.

     Sr Pauline ne reste pas longtemps seule au noviciat. Une autre personne se présente peu de temps après elle, une femme de la même tranche d'elle avec un parcours professionnel d'infirmière derrière le dos : Alexandra. Celle-ci partage quelques points communs avec Fausta. Elles ont toutes les deux la même langue maternelle. En effet, si elle vit depuis plus de vingt ans en francophonie, Alexandra est flamande et vient, elle aussi, d'une famille nombreuse très traditionnelle. Elle a grandi dans une atmosphère rigoriste et a des opinions assez tranchées. Son caractère ne l'est pas moins. Elle peut se montrer d'une très grande générosité et d'une abnégation certaine, mais elle peut aussi entrer dans des colères monstres pour des futilités.

     Bien qu'elle se soit aperçue de ce handicap de caractère fort gênant dans une vie en communauté, Fausta l'admet tout de même au noviciat, en gageant que la candidate pourra, à force d'effort, arrondir les angles de sa personnalité carrée.

     

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    Fausta se sent proche de ses novices qui ne sont pas beaucoup plus jeunes qu'elle. Elle ne manque pas de les valoriser. Contrairement aux usages, à sa prise d'habit, Sr Pauline reçoit le voile noir des professes et non le blanc des novices. N'a-t-elle pas déjà fait profession dans sa congrégation ? argue Mère Fausta. Quant à Alexandra, elle lui confie dès son entrée des responsabilités importantes, elle devient l'infirmière de la communauté et reprend en mains l'économat alors qu'elle n'est que postulante. 

     Deux autres candidates ne tardent pas à postuler, toutes les deux flamandes : Magada et Ria. Magda est une connaissance de Caroline. Ria a pour père spirituel un père orésien, le père Berthold qui se rend, de temps à autre dans la communauté.

     

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     Ce début des années quatre-vingts marque un tournant pour les sœurs de St Hilaire. Élue supérieure pour un second mandat de trois ans, Mère Fausta profite de l'arrivée des novices pour resserrer la vis et rétablir ce qu'elle considère comme une vie religieuse régulière. Les sœurs qui, jusqu'alors vivotaient en attendant une fermeture qui tardaient à venir, se voient imposer un nouveau rythme, de nouvelles exigences. Des usages anciens qui étaient tombés dans l'oubli refont peu à peu surface.

     

    La supérieure s'est arrogée le titre de maîtresse des novices, puisque, avance-t-elle, aucune des sœurs âgées n'est en mesure d'assumer cette tâche. Et, enfreignant les constitutions des sœurs orésiennes, elle omet de se faire seconder dans cette office par une des anciennes de la communauté.

     

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    La réouverture du noviciat entraîne également une fissure dans la communauté, entre deux groupes : les âgées, les anciennes, celles qui sont là depuis des décennies et les jeunes, les nouvelles, qui deviennent peu à peu étrangères au vieil esprit de la communauté, à son histoire. Le soeurs orésiennes qui avaient échoué dans cette communauté mourante parce qu'on ne voulait plus d'elles ailleurs s’accommodent mal de tous ces changements. Leurs fort caractères se heurtent aux nouvelles prétentions de la supérieure, à son caractère enjôleur, séducteur et manipulateur.

     La tourière laïque, Caroline, voit la personnalité de Mère Fausta, qu'elle croyait connaître, changer au contact d'Alexandra. Il faut dire que ces deux-là font la paire. Elles deviennent rapidement inséparables, même si Alexandra qui se sent phagocytée par sa supérieure tente en vain de rétablir les distances dans des crises de colère mémorable. Une relation d'un caractère trouble et complexe se nouent entre elles deux.

    Crédits photos : Culture pub, The Black Narcisse, photo personnelle.

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