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Chronique de dérives en cascades — 3
Comme toujours, l'histoire que vous allez lire est vraie, seuls les noms ont été changés pour préserver la réputation des innocents.
Pour ne pas jeter le discrédit sur un ordre religieux qui a souffert et souffre toujours de la situation, nous l’appellerons ordre de St Ores, un saint qui n'existe pas.
Épisodes 1 et 2 : Sr Fausta, soeur orésienne depuis quinze ans a semé le trouble dans plusieurs couvents de Flandres. Elle s'envole pour la Terre Sainte mais la communauté la renvoie au bout de six mois. Elle échoue alors dans une communauté de Wallonie, très pauvre humainement et près de fermer.
Durant tout une année, Sr Fausta partage le quotidien des soeurs de St Hilaire. Elle n'a pas d'emploi particulier, elle donne un coup de main, à gauche et à droite, surtout à la cuisine. Comme la vie a perdu beaucoup de sa régularité, il n'est pas difficile de se faire une place dans une communauté au bord de l'éclatement.
Bientôt le mandat de la prieure atteint son terme, le vicaire épiscopal chargé des affaires canoniques à l'évêché réunit les soeurs. Depuis plusieurs années elles ont des supérieures de remplacement. Que vont-elles faire ? Il y a cette "jeune" soeur, venue pour aider, elle n'a pas encore quarante ans. Jusque là, elle donne satisfaction, elle fait son possible, elle se dévoue auprès des aînées. Si les soeurs entérinent le transfert, on pourra l'élire à la tête de la communauté.
Et c'est ce qui arrive. Le délégué de l'évêché n'a aucune idée du passé de Sr Fausta, des troubles qu'elle a causés ailleurs. La communauté qui l'accueillie non plus, d'ailleurs. Entre le nord et le sud, il y a la barrière de la langue. Au nord, c'est la branche masculine et son provincial qui fait office de liaison entre les communautés de l'ordre. Au sud, cette branche est en voie d'extinction, elle ne s'occupe pas des soeurs qui ont d'avantage de rapports avec l'évêché.
Durant le premier mandat de supérieure, un mandat de trois ans, les choses se passent plutôt bien. Sr Fausta commence à réorganiser peu à peu la vie communautaire qui s'était décomposée. Elle y va progressivement, par petites touches. Elle fait venir un nouveau médecin, fraîchement sorti de la faculté, qui prescrit des traitements plus appropriés. Elle organise des réunions communautaires, propose quelques travaux de rafraîchissements, pour la chapelle. Les religieuses sont encore alertes, même si elles ne sont plus de première jeunesse. Elles apprécient, pour la plupart, cette redynamisation, le soin que l'on apporte à leur santé...
Les choses auraient pu bien se passer si Sr Fausta avait gardé en tête qu'elle était là pour permettre à la communauté de finir en beauté. Mais une parole d'encouragement d'un évêque peu au courant d'affaires qu'il délègue à un de ses vicaires est prise pour ce qu'elle n'est pas par la religieuse. Cela devient un but, une idée fixe, un plan démentiel ... accueillir des novices.
Si les candidates ne se bousculent pas (encore) au portillon, Sr Fausta a déjà accueilli au quartier des hôtes, une femme qu'elle a connue dans l'institut séculier qui l'a hébergée, Caroline. Caroline est neurasthénique, elle a besoin de repos. Sr Fausta lui propose de devenir la portière laïque du monastère. Elle secondera la tourière, Sr Sophie, marquée par le poids des ans. Caroline travaillera au pair, sans véritable rémunération.
Crédit photos : photo personnelle, CulturePub
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