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Chronique de dérives en cascades — 6
Comme toujours, l'histoire que vous allez lire est vraie, seuls les noms ont été changés pour préserver la réputation des innocents.
Pour ne pas jeter le discrédit sur un ordre religieux qui a souffert et souffre toujours de la situation, nous l'appellerons ordre de St Ores, un saint qui n'existe pas.
Sr Fausta, soeur orésienne depuis près de vingt ans, a semé le trouble dans plusieurs couvents de Flandres et s'est fait renvoyé d'un autre en Terre Sainte. Elle échoue dans une communauté près de sa fin, joue de son charme et en devient la supérieure. Elle accueille ses premières novices et impose au couvent un mode de vie déséquilibré. Une relation trouble la lie à l'une d'elle , Alexandra, à qui elle confie prématurément, pas mal de responsabilités. Des novices et une soeur conventuelle préfère quitter le monastère et les premières plaintes parviennent aux oreilles des responsables ecclésiastiques.
Nous sommes au milieu des années 80. Mère Fausta commence à se faire une réputation sulfureuse au sein de l'association des soeurs orésiennes de Belgique francophone. La vieille supérieure qu'elle avait remplacée est devenue sénile et malade. Elle est décédée au terme d'une longue hospitalisation. On reproche à Mère Fausta de ne pas avoir rendu visite à la vieille religieuse, de ne pas avoir mentionné sur le faire-part sa communauté d'origine. Malheureusement, l'association francophone ne pense pas à prendre ses renseignements en Flandres. Il faut dire que là, les monastères n'ont pas formé d'association semblable. La branche masculine y est encore vivante et elle fait office de lien, par le biais d'animation spirituelle, entre les monastères féminins. Quand Ria et Magda reviennent en Flandres, elles ne manquent pas de raconter ce qu'elles ont vécu à Saint-Hilaire, le favoritisme dont bénéficie Alexandra, ses crises de colère, les excès de travail, au détriment de la santé et surtout le caractère susceptible et versatile de Mère Fausta.
Malgré les efforts du père Bavo, Mgr Lebouc a empêché la conclusion de la visite canonique d'arriver jusqu'à Rome, histoire d'étouffer le scandale. Il essaie de limiter les dégâts. Quand il apprend que Marie-Noëlle désire commencer un noviciat à Saint-Hilaire, il s'arrange pour la rencontrer et s'emploie à l'en décourager. La jeune fille ne comprend pas ses raisons. Elle a pour accompagnateur spirituel le père Melchior, supérieur d'une communauté proche de Saint-Hilaire, le prieuré Saint-Martin. Ce bon père est tombé sur le charme de Mère Fausta, il ne veut pas ajouter foi aux rumeurs qui circulent à son sujet dans les milieux religieux.
Martine, elle, se confie à une religieuse apostolique. Celle-ci a eu vent de l'affaire de la soeur épuisée qu'on a déposée à l'hôpital et qui s'est confiée à la maîtresse des novices de Sainte-Barbe, Mère Louise. Elle en touche un mot à Martine qui ne peut pas la croire. Mère Fausta ne lui a jamais parlé de cette novice, Martine pense à une rumeur sans fondement. C'est que cette soeur a quitté la communauté avant que Martine n'entre en contact avec elle. Quand la jeune fille se rend à Sainte-Barbe, dans le seul but de confirmer son choix pour Saint-Hilaire, elle recontre Mère Louise qui tente de lui expliquer que la vie à Saint-Hilaire n'est pas vraiment la vie orésienne. Martine pense que la maîtresse des novices veut l'attirer dans son couvent et se promet de ne plus remettre les pieds là-bas.
Entre temps, Mère Fausta a réussi à se faire réélire au poste de supérieure. C'est que les capitulantes, les soeurs avec droit de vote, n'ont pas vraiment le choix. Les jeunes soeurs sont encore au noviciat, et les plus âgées ne se sentent pas de taille. Et puis, malgré ses prétentions autoritaires enrobées de protestation de bonnes intentions, Mère Fausta dispose toujours de son capital séduction. Le charme, l'aura qu'elle dégage, fait qu'on finit par lui céder et à reconnaître des fautes qui n'ont jamais existé que dans la tête de la supérieure mégalomane et paranoiaque.
Même Mgr Lebouc ne peut qu'entériner cet état de fait. Il va même jusqu'à appuyer la demande de dispense, pour la succession de mandat. En effet, chez les orésiennes, on ne peut pas en accumuler plus de trois, de trois ans chacun.
Une des anciennes, Soeur Agnès, qui est fille unique, a dû prendre un long congé hors monastère pour assister ses vieux parents dans leurs derniers moments. A peine l'enterrement terminé, Mère Fausta la convoque et lui parle de la vente de la maison familiale. C'est qu'il lui faut des fonds pour financer la rénovation du couvent. Soeur Agnès découvre le manque de délicatesse et l'appât du gain de sa supérieure. Mais que peut faire la pauvre nonne, sinon rejoindre son couvent ? Tout son héritage sera englouti dans les travaux démesurés que va entreprendre sa supérieure.
Crédits photos : Don Camillo, monseigneur ; La vera storia della monaca di Monza, capture d'écran.
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