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Par Chélidoine le 8 Janvier 2016 à 12:14
L’habit religieux, signe de la consécration à Dieu, doit être simple et modeste, à la fois pauvre et décent, adapté aux exigences de la santé et approprié aux circonstances de temps et de lieux ainsi qu’aux besoins de l’apostolat
Perfectae Caritatis
Voici un exemple de trois instituts fondés dans le dernier quart du XXe siècle, en Europe occidentale qui ont adopté des tenues d'un autre âge: habit long, guimpe, scapulaire.
Un de ces instituts est clairement apostolique. Les deux autres sont semi-contemplatifs, avec une volonté affichée de faire régulièrement de l'évangélisation.
La ferveur des membres de ces instituts n'est pas en cause, Dieu seul connaît le coeur de l'homme, mais la motivation de ceux et celles qui ont conçu ces accoutrements. Peut-on raisonnablement les considérer comme pauvre, simple et modeste ? Adapté aux exigences de la santé ? (Certaines nonnes ont des malaises avec des habits de ce genre, lors des fortes chaleurs) Approprié aux circonstances de temps et de lieux ? Ainsi qu’aux besoins de l’apostolat ?
Quel sens cela a-t-il, aujourd'hui de porter, une tenue inspirée du moyen-âge ? Coller artificiellement des justifications pieuses à un manque flagrant de discrétion ou de sobriété ne convainquera que les convaincus.
Alors, témoignage de l'évangile ou ... témoignage de coquetterie larvée, sous couvert de dévotion ?
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Par Chélidoine le 8 Janvier 2016 à 12:12
Non, je ne vous parlerai pas de cuisine
Le mouvement de restauration, dans la vie religieuse, consiste à en revenir aux bonnes vieilles recettes d'autrefois qui ont, soi-disant, fait leur preuve. Le premier mouvement de restauration né au XIXe siècle.
Après la révolution française, la vie religieuse est réduite, non pas à néant, mais à bien peu de choses. Certains monastères sont parvenus, çà et là, à survivre. Au début du XIXe siècle, des congrégations enseignantes, hospitalières ou missionnaires voient le jour. Les monastères survivants en fondent d'autres.
L'idée que la vie religieuse a été anéantie parce que trop relâchée, peu fidèle à l'esprit des fondateurs, est assez répandue à l'époque. On veut retrouver la ferveur des débuts et on se réfère à un moyen-âge mythique.
Les nouveaux monastères fondés, à cette période, adoptent, le plus souvent, le style néo-gothique. Les congrégations apostoliques adoptent le modèle monastique. Vous vous souvenez du film The Nun's Story (Au risque de se perdre) ? On y voit comment des religieuses hospitalières sont astreintes à des contraintes propres à la vie monastique et peu adaptées aux réalités de leur vie. Par exemple, le grand silence qui les empêche de parler à leurs malades après la fin de Complies, le dernier office de la journée.
D'autres exemples ? Le chapitre des coulpes où l'on vient s'accuser de ses fautes extérieures, comme d'avoir parler sans nécessité, et où l'on se fait reprendre par les autres, sans avoir la permission de se disculper. L'exercice aurait pour vertu d'inculquer l'humilité. L'expérience a montré qu'il a plutôt engendré plus de scrupuleux, d'aigris ou de revanchards que de saints.
Il y a aussi les pénitences au réfectoire, comme mendier sa soupe, baiser les pieds des soeurs, se prosterner face contre terre, etc. Elles pouvaient être imposées comme pénitence à certains manquements. Mais certaines nonnes ou certains moines les effectuaient par choix et en tenaient un compte précis. Une façon d'être très satisfait de soi, sous couvert de vertu.
Et terminons par les pénitences corporelles: jeûnes, port de chaînes (à crochets), de cilice (laine de chèvre irritante) et la fameuse discipline: un martinet de cordelettes à noeuds, que l'on s'administre à soi-même, le vendredi soir, en récitant des psaumes.
Un autre usage en vogue est de recevoir des postulants et des novices fort jeunes. Il n'est pas rare, au XIXe siècle, d'accueillir des candidats d'à peine quinze ans. Et de telles pratiques peuvent encore s'observer dans la première moitié du XXe siècle. Certaines jeunes filles passent tout simplement du pensionnat au noviciat. On essaie d'attirer les jeunes filles pieuses, alors qu'elles sont encore enfants, à la vie religieuse.
Certains instituts essaient d'innover dans la première moitié du XXe siècle, mais ils sont peu nombreux. Après la seconde guerre mondiale, les vocations commencent à se raréfier. En fait, il ne s'agit qu'un retour à la normale. Le nombre de religieuses a littéralement explosé au cours du XIXe siècle. Elles n'ont jamais été aussi nombreuses au cours des siècles précédents.
Le concile Vatican II sonne l'heure de l'aggiornamento, la mise à jour, et celle-ci ne concerne pas que les habits religieux. Les ordres religieux dépoussièrent leurs constitutions, reviennent à une plus grande simplicité de vie et laissent tomber ou simplifient, pour la plupart, les vieux usages et les cérémonies. Les années soixante et septante voient également une grande hémorragie d'effectifs dans le rang des religieux, comme chez les prêtres séculiers. Beaucoup réalisent que leur engagement n'était pas totalement libre, qu'ils avaient été conditionnés par leur éducation, leur milieu ou qu'ils avaient été influencés.
Parallèlement d'autres mouvements voient le jour. Il y a ceux qui regrettent les fastes du passé, regardent les changements liturgiques comme une erreur, un errement, une trahison. Il y a ceux qui ne trouvent pas leur compte de spiritualité dans la nouvelle mouvance qui met l'accent sur l'attention porté au plus faible, au plus pauvre, au plus démuni. Ils pensent que leur religion se trouve réduite à de la simple entraide envers leurs semblables. Il y a ceux qui restent attachés au dolorisme et aux dévotions secondaires.
A côté des conservateurs et des déçus de Vatican II, on voit émerger, sur le continent européen, le renouveau charismatique, hérité du pentecôtisme américain. Ce courant met l'accent sur l'Esprit Saint, ses dons ou manifestations supposées tels, parfois impressionnantes comme des guérisons, les chants dans une langue inconnue et sans signification particulière, mais pas seulement ça. Il y a aussi la fidélité au magistère, l'obéissance au Saint-Siège et une certaine vénération de la figure papale. La piété y tend parfois au fidéisme et peut verser dans un certain sentimentalisme.
On voit surgir, dans les années quatre-vingts, de nouvelles familles religieuses, souvent issues de ces mouvements parallèles ou réactionnaires, quand ce n'est pas les deux à la fois. Ces nouveaux instituts peuvent parfois innover en optant pour une certaine mixité, mêler laïcs et consacrés, ou vie active et contemplative, etc. D'autres sont tout à fait classiques et rappellent les congrégations d'un autre siècles.
Ainsi, il y a une trentaine d'années, un prêtre s'étonnait de voir, parmi les novices d'une de ces nouvelles congrégations, des jeunes à peine sortis de l'adolescence. Il regrettait que les fondateurs et responsables ne prennent pas compte des leçons du passé. Un clerc régulier, visiteur de communauté, désapprouvait qu'on ait rétabli dans certaines communautés nouvelles de vieux usages, abolis ailleurs, tels que les coulpes au réfectoire et les pénitences d'autrefois.
Bien longtemps après avoir été confrontée à ces témoignages, j'apprends que les communautés mises en cause pour ces pratiques, sont dans le collimateur d'organismes de surveillance des sectes. Des jeunes qu'on attire sans leur laisser le temps de mûrir ou de faire leurs preuves, doivent assumer trop tôt des responsabilités, parce que l'institut est en pleine expansion et cela ne va pas sans dérapage. On pointe du doigt une absence de discernement véritable quant aux candidats, une mauvaise hygiène de vie, des santés malmenées, des maladies graves détectées trop tard pour être soignées, etc. Dans des cas extrêmes, on assiste à des abus d'autorité, des violences psychologiques et parfois physiques. Les autorités ecclésiastiques catholiques romaines doivent parfois intervenir, mettre certains de ces instituts sous surveillance, en dissoudre certains, parfois après avoir fait passé le fondateur devant un tribunal ecclésiastique.
On peut trouver chez les adhérents de ces nouveaux mouvements, l'idée que l'hémorragie d'effectifs dans la vie religieuse actuelle est due au relâchement, à la perte de sens ou de signes, et que les vieilles recettes ont fait leur preuve.
En effet, les vieilles recettes ont fait leur preuve: de la vaisselle humaine brisée. Non, on n'est pas meilleur religieux parce qu'on porte un habit ostentatoire, parce qu'on jeûne, parce qu'on bat sa coulpe publiquement, parce qu'on pense qu'on doit tout endurer en silence et qu'on néglige sa santé en évitant le médecin.
Entretenir le sentiment qu'on accomplit la volonté divine en s'auto-détruisant, en s'imposant des pénitences codifiées, en se dispersant dans des manifestations de piété d'un autre âge ne remplira pas les églises. Et ne pas tenir compte des leçons du passé qu'on retirées d'autres instituts qui existaient bien avant soi, n'est certainement pas une preuve d'humilité.
Crédit photos: tombeau de Catherine de Lamboy, Paul Hermans, wikimedia; abbaye de Maredsous, Julien Willem, wikimedia; The nun's story, WB; nun dolls, http://www.nunsandsuch.com ; concile Vatican II et messe tridentine, domaine public; renouveau charistmatique, Alan347 wikimedia; clipart office.
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Par Chélidoine le 8 Janvier 2016 à 12:10
Films et séries télévisées ne s'embarrassent pas de précision quand ils nous parlent de nonnes. Le téléspectateur lambda n'y connaissant pas grand chose, pourquoi le scénariste ferait-il l'effort de se renseigner plutôt que de lui balancer de l'à-peu-près et des déclarations fantaisistes ?
Le Docteur Chase a tout faux ...
Hier, je regardais le douzième épisode de la huitième saison du Dr House. Deux nonnes se présentent à la consultation du Dr Chase . Le bel Australien fait sortir celle qui accompagne la patiente et nous sort une kyrielle d'âneries sur la vie religieuse en moins de trente secondes. En substance: " Vous êtes carmélite, je l'ai reconnu à la robe brune de votre consoeur. Vous portez un voile bleu, donc vous êtes postulante et vous vous posez des questions avant de prononcer vos voeux définitifs."
Carmélite! Le mot mythique est lâché! Celui où se projettent les trois-quarts des phantasmes liés à la religieuse. Voyons, Dr Chase, beaucoup d'ordres religieux portent un habit brun, les carmélites ne sont pas les seules. Ce n'est pas tellement à la couleur de leur habit qu'on les reconnaît, mais à la forme de leur scapulaire et à la façon de le porter : au-dessus du plastron et deux épaulettes (deux larges bretelles) bien visibles. Et pour le costume de la nonne en question, ce n'est pas le cas.
Un voile bleu pour les postulantes ? Dans quel film ? C'est bien le cas de le dire ! Quand une jeune fille entre au monastère, elle ne porte pas tout de suite l'habit religieux. Elle garde ses vêtements civils. Parfois, dans certains monastères plus conservateurs, on lui donne une sorte d'uniforme qui varie, même au sein d'un même ordre, d'un monastère à l'autre. Parfois, cet uniforme s'accompagne d'un petit voile ou d'une mantille. Autrefois, ce petit voile était noir, aujourd'hui la tendance vire au blanc, comme pour les novices. Au siècle dernier, avant Vatican II, l'uniforme de la postulante au Carmel était le plus souvent constitué d'une robe noire, d'une pélerine et d'un petit voile. Peut-être que certains monastères optent aujourd'hui pour un voile bleu, mais c'est loin d'être une généralité.
Cette photo qui vient d'une vidéo sur la toile, montre une communauté de carmélites. Vous reconnaîtrez la postulante à sa robe-tablier. Les novices portent l'habit avec un voile blanc et les soeurs qui ont fait leurs voeux définitifs portent un voile noir.
Et dans cette communauté suédoise, les postulantes portent un chemisier blanc et un voile brun.
Une postante à la veille de prononcer ses voeux ?! Le traducteur de la série s'est-il trompé de terme ? Une postulante avec sans ou uniforme n'a pas encore l'habit religieux. C'est après une cérémonie appelée "prise d'habit", où elle reçoit l'habit de l'ordre que commence son noviciat. Cette période dure de un à deux ans. Au terme de deux ans, au maximum, la novice peut prononcer ses premiers voeux, des voeux temporaires, trois ans minimum, neuf maximum. Donc, une postulante peut se trouver à la veille de prendre l'habit, jamais de prononcer ses voeux définitifs ! Les voeux perpétuels, viennent après les voeux temporaires. A ce moment, la nonne devient membre du chapitre, c'est à dire qu'elle acquiert le droit de vote. Elle peut élire la prieure, voter pour admettre les candidates aux différentes étapes de sa formation, ou pour donner ou refuser son accord à certaines décisions importantes qui concernent la communauté.
... Et il n'est pas le seul!
Naturellement, ce n'est pas la première fois, ni la dernière non plus, qu'on entend des âneries dans ce genre. Dans une série télévisée des années 70, on entendait un juge déclarer à des plaignants, essayant de récupérer leur fils pris dans une secte cette énormité: "Ma soeur est carmélite et, pendant des années, mes parents n'ont eu pour seul contact avec elle que le son de sa voix, derrière un voile, le jour de Pâques."
Eh bien non. Même avant le concile Vatican II, une carmélite voyait ses parents à visage découvert et elle avait droit à recevoir leur visite une fois par mois ou une tous les deux mois, selon la tradition à laquelle se rattachait son monastère. Le mois où elle ne recevait pas leur visite, elle pouvait leur écrire. Il n'y a que pendant le Carême et l'Avent qu'on ne recevait ni courrier, ni visite.
L'inspecteur Barnaby est mal documenté. Ou du moins, son scénariste.
Pour illustrer la note précédente, j'avais trouvé une photo tirée de la série "Inspecteur Barnaby" (Midsomer murders). Dans la saison 14, épisode 7, on voit le célèbre inspecteur britannique enquêter sur un meurtre dont la victime est une nonne.
Là où le bât blesse c'est que cela se passe dans une communauté réduite à trois membres, la quatrième venant d'être assassinée, deux vieilles professes et une novice. Cela n'est tout bonnement pas possible. Aucun évêque, aussi demeuré soit-il, ne permettrait qu'une communauté de trois vieilles nonnes accueillent une novice. Peut-être laissera-t-il faire, si elles sont encore cinq ou six et, en ce cas, c'est un grand inconscient, mais pas si elles ne sont plus que trois professes. Il supportera peut-être que la communauté se meurt à petit feu sans lever le petit doigt mais pas qu'une jeune personne n'entre dans un institut aussi près de sa fin.
Ce n'est pas la seule énormité de l'épisode. Dans l'une des premières séquences, la communauté passe au vote. Ce qui se fait dans toutes les communautés dignes de ce nom. Mais ce qui ne l'est pas, c'est que la novice lève la main pour donner son avis. Le droit de vote n'est accordé qu'aux nonnes de voeux définitifs. Il faut dire que dans cet étrange couvent, où l'on voit une novice voter, on s'aperçoit que l'une des soeurs a vendu un retable en argent sans que les autres n'en sachent rien, sans qu'elle ait soumis la décision au vote de ses consoeurs. Là aussi, il s'agit d'une grosse entorse à la réalité. L'économe ou la supérieure ne peut pas engager des transactions dépassant un certain montant, sans l'assentiment du chapitre (ensemble des soeurs votantes), ni vendre un objet de valeur qui appartient à la communauté.
Naturellement, ce ne sont que des oeuvres de fictions. Mais il est dommage que certaines personnes pensent, un peu naïvement, qu'elles sont bien documentées alors qu'il n'en est rien. Sachez donc garder la distance avec ce genre de production. Ce sont des oeuvres de divertissement pas des références.
Crédit photo: http://midsomermurders.org/sacredtrust.htm
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Par Chélidoine le 8 Janvier 2016 à 12:08
21. Les instituts et monastères en décadence
Aux instituts et monastères qui, de l’avis des Ordinaires des lieux et au jugement du Saint-Siège, ne donnent pas l’espoir fondé d’une nouvelle prospérité, il sera défendu de recevoir à l’avenir des novices et, si c’est possible, on les unira à un autre institut ou monastère plus florissant dont le but et l’esprit se rapprochent des leurs.
Perfectae Caritatis
Ce petit texte est extrait d'un décret catholique romain, publié en 1965, lors du Concile Vatican II . Force m'est de constater que certains ont bien du mal à l'appliquer.
Années 2000, à Sieurbourg, une petite ville de province. Sur la place du Marché, se dresse un vieux bâtiment. Autrefois, il abritait une communauté prospère de soeurs orésiennes. Mais au fil du temps, les vocations se sont raréfiées, les soeurs ont pris de l'âge et les aînées sont retournées vers leur Créateur. Une novice est pourtant entrée dans cette petite communauté, malgré le nombre réduit des religieuses et leur grand âge. Soeur Quenburge est très fervente et, une fois son temps de probation terminé, elle prononce des voeux. Un hiver très rude, la malchance, s'acharnent sur le petit couvent. La communauté passe de huit à cinq soeurs. Deux ou trois ans plus tard, elles ne sont plus que trois.
A titre indicatif, pour fonder un nouveau couvent de soeurs orésiennes, leurs constitutions leur impose d'être au moins huit. Trois nonnes, dans un bâtiment prévu pour une bonne vingtaine. La plus jeune a trente ans, les deux autres sont septuagénaires. Ce qui paraît une évidence pour les autres monastères de cet ordre, n'en est pas une pour les premières concernées. Pourquoi fermer ? se disent-elles, tant que nous pouvons vivre notre vie d'orésienne.
Les soeurs orésiennes n'ont pas de mère générale, chaque monastère est indépendant, sous la juridiction du saint siège, confié à la surveillance de l'évêque du lieu. Mais elles ont eu la bonne idée de se fédérer par région géographique. Elles forment ainsi une grande fraternité et la présidente de cette association a pour mission d'épauler les monastères en difficulté. La présidente se rend bien volontiers chez ses consoeurs de Sieurbourg, pour les écouter. Mais elles ne se plaignent pas de leur sort. Elles assurent qu'elles sont très bien comme elles sont. Elles n'ont besoin de rien, assurent-elles. La présidente n'essaie pas de les contredire ou de les convaincre que leur situation est une impasse. Et le Père Zénobe qui se rend une fois pas mois chez elle pour leur prêcher la récollection répète à qui veut l'entendre, que ces soeurs mènent une vie tout à fait normale, régulière et fervente, fidèle à leur charisme.
Le bon sens dit pourtant le contraire, comment, par exemple, peut-on élire une supérieure et son conseil, quand on n'est que trois ? La situation est anormale, mais personne ne bouge. Ni l'évêque et ses vicaires, qui ont sans doute d'autres chats à fouetter, ni la présidente qui n'ose pas brusquer les choses, ni surtout les soeurs de Sieurbourg qui se refusent à voir l'évidence: leur communauté n'a plus d'avenir, elle se meurt petit feu. À quoi bon s'acharner ? Pourquoi ne pas vouloir revivre ailleurs ?
Le temps qui passe n'arrange pas les choses. Soeur Symphorienne, la prieure septuagénaire, commence à avoir de sérieuses pertes de mémoire; elle devient sénile. Soeur Quenburge passe désormais son temps à la surveiller, pour ne pas qui lui arrive des bricoles. Soeur Waltrude, l'autre septuagénaire a toujours toute sa tête mais sa santé décline; elle décède. Soeur Quenburge, se retrouve à la mi-trentaine avec une consoeur sénile. Il faut fermer et elle sait.
Les deux soeurs restantes trouvent refuge dans un monastère du même ordre qui les accueille, généreusement, à bras ouverts. Vider un couvent n'est pas une mince affaire. Beaucoup de choses se sont entassées dans les greniers, les recoins, les pièces condamnées. Le mobilier et le matériel sera équitablement redistribué dans les différents monastères de l'ordre. Soeur Quenburge pourra enfin vivre dans une communauté normale, fonctionnant normalement. Mais quel effort d'adaptation cela ne va-t-il pas lui demander après avoir vécu dans une communauté qui s'est réduite comme une peau de chagrin en l'espace de moins de dix ans !
Crédit photos: Paul VI, domaine public; Nun in cloister ,by Doris Ulmann, 1930; deux nonnes, midsomermurders.org ; couvent, wikimedia, Pelerin.
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